La photo qui présente cet article vous dit quelque chose ? C’est bien possible : si vous tapez « Autriche » dans Google images, c’est le premier résultat que vous allez trouver. Personnellement, la première fois que j’ai vraiment remarqué cette photo, c’est parce que je l’ai eue en fond d’écran sur mon ordinateur, vous savez, ces jolies photos aléatoires de l’écran de verrouillage. C’était en novembre je crois, avant que je parte en Autriche mais après que j’aie eu la confirmation que je partais. J’ai vu la photo, j’ai pensé « mais c’est trop beau ! », j’ai regardé où c’était, j’ai vu que c’était en Autriche. Donc j’ai pensé « mais trop cool je pourrais peut-être y aller ! », j’ai cherché sur Google maps, et j’ai vu que cette ville est relativement proche de Linz. Largement faisable pour une excursion à la journée. Hallstatt, ça a donc été le premier lieu que j’ai mis sur ma liste mentale d’endroits où je voulais aller, quand j’ai doucement commencé à me projeter mentalement dans mon aventure autrichienne.
Il m’a fallu du temps avant de mettre ce projet à exécution. Parce que le covid, la météo qui n’était pas toujours favorable, le fait que ça reste plus difficilement accessible que Salzburg par exemple, et les autres opportunités que j’ai eues entre-temps et qui étaient aussi très cool. Mais je tenais à y aller. Et de préférence pendant l’été, et relativement rapidement pour éviter les hordes de touristes qui allaient revenir dès que les restrictions sur les voyages allaient s’assouplir. Donc j’ai utilisé mon dernier weekend disponible avant mon retour en France pour les vacances pour aller à Hallstatt. Et clairement, j’ai pas du tout regretté.
Petit point organisation : Hallstatt est à 2h de train environ de Linz. Pour l’aller, j’ai eu un changement, pour le retour c’était un train direct. Et même si c’était un peu long, honnêtement je pense que mon trajet aller jusqu’à Hallstatt est un des plus beaux trajets en train que je n’ai jamais fait, si ce n’est le plus beau. C’était un train régional qui partait de Attnang-Pucheim et faisait plein d’arrêts dans des petites villes jusqu’à Hallstatt, et il continuait encore après. Mais à chaque fois que je levais la tête pour regarder par la fenêtre, j’avais envie de descendre du train. Il passe dans les montagnes, dans des petits villages mignons, au bord de plusieurs lacs… Mais bon, je savais que ce qui m’attendait était encore plus beau, alors j’ai attendu patiemment jusqu’à Hallstatt. La gare de Hallstatt n’est pas dans la ville : elle est de l’autre côté du lac, donc pour accéder à la ville il faut prendre un bateau. Le trajet dure une dizaine de minutes, et j’ai payé 6€ l’aller-retour, mais en prime on a la vue sur le village et les montagnes depuis le bateau et c’est plutôt cool.
Et donc j’ai fini par arriver à Hallstatt. Halstatt, c’est une petite ville de 750 habitants environ située dans le district de Gmunden, dans le Salzklammergut. Le Salzklammergut, c’est la région d’Autriche où on trouve plein de grands lacs encaissés entre les montagnes, j’y étais déjà allée pour faire du ski pas loin de Gmunden, justement. En fait, une partie de cette région (Hallstatt-Dachstein/Salzklammergut) est inscrite au patrimoine mondial de l’unesco en tant que « paysage culturel ». Il faut dire que Hallstatt n’est pas juste une ville carte postale, mais est aussi un site archéologique très important et un territoire qui a longtemps prospéré grâce aux mines de sel.
Petit point historique : des fouilles menées vers le milieu du XIXe siècle à Hallstatt ont permis de découvrir beaucoup de sépultures (1100 quand-même) et beaucoup, beaucoup d’objets en tout genre. Le tout en parfait état de conservation grâce à la salinité élevée du sol. Tout ça en a fait un site caractéristique pour la compréhension de la vie entre la fin du XIIIe siècle et la fin du Ve siècle avant JC. Tellement qu’il y a carrément une période archéologique dite de Hallstatt (et qui s’étend donc de -1300 à -500 environ). On définit la culture de cette période sur une large zone de l’Europe centrale et occidentale comme la culture Hallstattienne. Cette zone s’étend à l’ouest jusqu’à l’Alsace. Et le noyau de cette zone (Hallstatt donc) constitue le berceau de la civilisation celte, rien que ça. Si vous voulez approfondir le sujet, n’hésitez pas à faire appel à Wikipédia ou autre, parce que je ne m’étendrai pas plus sur le sujet. Retenez juste que Hallstatt, c’est aussi un lieu historique très important, et pas juste un spot pour faire des photos instagram.
Pourtant, je ne savais pas tout ça en arrivant sur place, je suis venue un peu la fleur au fusil sans savoir exactement où aller et quoi faire à part prendre plein de jolies photos. Je me suis donc d’abord arrêtée à une balançoire toute proche de la « gare maritime », qui est clairement la balançoire la plus stylée que j’ai jamais utilisée, avant de partir un peu explorer la ville. Je suis très rapidement tombée sur la place principale du village, qui est vraiment toute mignonne, et je me suis ensuite dirigée vers l’église. De là, on avait encore une super vue sur le bas du village et le lac. L’église ne m’a pas particulièrement marquée, mais la suite si.
Vers l’église, j’ai vu des gens faire la queue pour rentrer dans ce qui me semblait être une chapelle, donc j’ai fait pareil et je suis allée voir ce que c’était. Il se trouve que cet endroit n’était pas une chapelle, mais un ossuaire. J’avais déjà visité un ossuaire dans ma vie, celui de Kutná Hora en République Tchèque qui est vraiment impressionnant, mais celui d’Hallstatt est très différent. En fait, vers le milieu du XXe siècle, il n’y avait plus assez de place pour tout le monde dans le petit cimetière. Ils ont donc proposé à ceux qui le souhaitaient (avant leur mort bien entendu) de reposer d’abord pour 20-30 ans dans une tombe, puis d’être transférés dans l’ossuaire. Jusqu’ici rien de très fou, mais la grosse particularité, c’est qu’au moment du transfert de sépulture, les crânes de ces personnes ont été peints avec leur nom, la date de leur mort, et des dessins comme des roses ou des feuilles de lierre avant d’être déposés dans l’ossuaire. Quand on y entre, on arrive donc face à environ 600 crânes alignés et décorés. J’ai trouvé ça vraiment très particulier, ça rend les morts bien plus « présents » que dans un cimetière ou même que dans l’autre ossuaire où j’étais allée il y a quelques années. Je recommande fortement à tous ceux qui vont à Hallstatt d’y passer, je pense que c’est vraiment à voir. Moi en tout cas, ça m’a troublée d’y entrer, surtout que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Pour la petite info, le dernier qui y a été déposé l’a été en 1950. Aujourd’hui, plus personne ne fait la demande d’y reposer, mais je pense que théoriquement rien ne l’empêche.
Après ce passage, je me suis baladée encore un peu dans la ville (elle est petite alors j’en ai vite fait le tour) jusqu’à atteindre le fameux spot de la photo instagram, et j’ai fait un petit tour à l’office de tourisme histoire de me renseigner sur comment je pouvais occuper mon après-midi. J’ai récupéré une carte qui indiquait un chemin de randonnée qui avait l’air cool : il monte jusque haut dans la montagne pour atteindre une plateforme d’observation sur le lac située à 360m d’altitude (et le musée de la mine de sel dans lequel je ne suis pas allée par manque de temps, mais j’y irai peut-être un jour à l’occasion !). J’ai donc choisi de me diriger vers la fameuse plateforme appelée « Welterbeblick Skywalk », en gros « plateforme panorama sur le patrimoine mondial » (ça fait plus stylé en allemand).
J’ai un peu galéré pour y accéder parce qu’une partie du chemin était fermée et j’ai eu du mal à trouver la partie accessible. Du coup, comme j’avais pas envie de me stresser pour avoir mon bateau puis mon train, je suis montée en funiculaire. Il y a un funiculaire qui mène jusqu’à la plateforme et au musée, il coûte assez cher (l’aller m’a coûté 6€) mais c’est possible d’acheter des tickets combinés funiculaire + musée. Et je suis donc arrivée ici.
La vue est plutôt cool, même si, je ne sais pas trop pourquoi, je m’attendais à mieux encore. Au final, c’est juste une vue sur un lac, et j’en avais déjà vu plein des lacs. Surtout, la plateforme est un lieu touristique qui attire du monde, même si ce n’était pas blindé le jour où j’y suis allée. Je pense que je préfère juste les endroits pas autant aménagés par l’homme et moins fréquentés. J’ai préféré la vue depuis le chemin de randonnée (que j’ai réussi à prendre pour redescendre), où je pouvais prendre mon temps pour faire mes photos sans avoir l’impression de bloquer d’autres gens. Et d’ailleurs, j’ai vu une cascade.
Une fois redescendue de la montagne, il ne me restait plus beaucoup de temps, juste assez pour m’acheter un goûter (les autrichiens sont forts en gâteaux alors je ne pouvais pas me retenir en passant devant la boulangerie-pâtisserie) et pour refaire un passage au spot instagram, avec une lumière plus favorable que le midi. Et il était alors déjà l’heure de rentrer à Linz. J’ai passé une très bonne journée : je m’attendais à trouver un village mignon où prendre plein de photos et un très grand lac, et en fait j’ai réalisé que Hallstatt c’est bien plus que ça. Pas étonnant que ce soit un lieu très touristique, et qu’il en existe même une réplique en taille réelle en Chine. Mais l’avantage de cette période de pandémie, c’est qu’elle a freiné l’afflux de touristes à Hallstatt, qui était devenu un exemple de « l’overtourisme ». En espérant que la ville va savoir réguler cet afflux dans les mois et années à venir, pour que ceux qui visitent Hallstatt puissent réellement en profiter et aussi comprendre que cet endroit est bien plus qu’une carte postale !