Que le temps passe vite ! Cela fait déjà presque un an que je vis en Autriche (et près de 4 mois que j’ai pas posté d’article, je sais). Et j’ai signé pour un contrat d’un an : qui donc, se termine prochainement. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que je veux rester ? Ou pas ?
La réponse, elle s’est affirmée petit à petit dans mon esprit : oui, je veux rester ici. En fait, j’ai jamais vraiment pensé le contraire. Au début, je ne savais pas, mais je me disais que ce serait sympa de prolonger d’au moins quelques mois, pour des raisons purement pratiques (pas envie de déménager au moment de Noël, parce qu’un déménagement c’est beaucoup de stress). Et puis, petit à petit, je me suis « tiens, peut-être jusqu’à l’été prochain », puis « pourquoi pas carrément un an? ». Mais avant de prendre une vraie décision, je voulais attendre de rentrer en France pour les vacances pendant l’été et de rentrer ensuite en Autriche. Et une fois que je suis rentrée mi-août, j’ai su que je voulais prolonger mon contrat. Et je vais vous expliquer pourquoi en reprenant la conceptualisation de mon expatriation.
Je fais référence à cet article, écrit après quelques semaines en Autriche, dans lequel je décrivais les différentes phases dans lesquelles j’étais passée depuis mon arrivée. Petit résumé : en premier, ce que j’ai appelé la phase de la rupture. Ce moment où tout est nouveau, tout est très intense avec plein de choses à faire d’urgence et plein de choses à découvrir, et qui est à la fois très plaisant pour l’adrénaline de la nouveauté et assez éreintant. Elle a duré deux semaines environ. Ensuite, je suis passée à la phase 2, que je n’avais pas vraiment décrite mais que j’ai appelé la phase du nuage. Pour moi, c’est les quelques mois qui ont suivi, pendant lesquels j’étais toujours dans l’émerveillement et la découverte mais de façon plus posée et moins dans l’urgence. J’ai appris à connaître mon nouveau pays et commencé à rencontrer quelques personnes. C’était vraiment très cool, comme sur un nuage. Mais si je l’ai appelée le nuage, c’est surtout parce que à ce moment-là, j’avais vraiment l’impression que rien ne m’atteignait. J’avais survécu à la rupture, alors plus rien n’était grave, je ne m’attardais pas sur mes problèmes pour toujours rester dans le positif.
Je vais vous expliquer comment j’ai décidé de rester en vous parlant des deux phases suivantes dans lesquelles je suis passée : la phase des turbulences, et celle de l’atterrissage.
Les turbulences
Les turbulences, elles vont toujours finir par arriver. Parce que tout ne peut pas être beau et rose tout le temps. Pour moi, elles ont commencé à arriver quand j’ai entamé un projet de rentrer en France quelques jours en juin. J’ai senti que je ne me sentais plus aussi « infaillible ». Alors attention, j’étais très contente de pouvoir rentrer quelques jours. Mais il y avait 2 trucs : déjà, l’organisation du voyage était assez incertaine et stressante, parce que pandémie mondiale. Ensuite, parce que j’avais trouvé un équilibre, et que d’envisager de rentrer l’a troublé. Quelque part, j’avais un peu peur de ce que j’allais ressentir en rentrant en France puis en retournant en Autriche.
Les turbulences, elles se sont manifestées de temps en temps, pas de façon constante. Une fois quand j’ai senti des larmes me monter aux yeux en pensant à ma famille dans le train pour aller au travail. Une autre fois un samedi soir passé seule chez moi. Un matin au travail alors que je n’avais pas grand-chose à faire, que je trainais sur internet et que je me suis sentie inutile, comme si ma présence n’apportait rien. Ces moments-là, ils ont existé, et c’est normal. Ce qui compte, c’est de réussir à les gérer, ces turbulences. A chacun de voir ce qui fonctionne pour soi. Pour moi, c’est 1) faire des trucs qui me font du bien, 2) extérioriser en écrivant ou en en parlant, et 3) ne pas lutter contre ces moments, les accepter puis les laisser passer. Les turbulences ne durent jamais très longtemps.
L’atterrissage
L’atterrissage, pour moi, c’est le moment où j’ai commencé à ne plus me sentir observatrice mais à vraiment faire partie de la ville. Pareil, j’aurai du mal à lui donner un moment précis, ça a plutôt été très progressif. Peut-être cette soirée passée sur la plage des bords du Danube avec un groupe d’expats qui m’a fait rencontrer plein de monde ? Ou le moment où j’ai appris que j’avais le droit de voter aux élections de la ville (je vous raconterai ça, promis) ? Ou quand je me suis acheté un vélo tout neuf (le genre d’achat qu’on ne fait pas pour 6 mois) ? Ou ce concert gratuit à Linz, où j’ai vu un artiste autrichien ultra célèbre (Josh. pour les curieux) et que je connaissais ses musiques suffisamment pour pouvoir chanter comme une débile au milieu des autrichiens ?
En tout cas, petit à petit, je ne me sentais plus comme l’étrangère ou la nouvelle mais comme une vraie habitante de la ville. Je n’étais plus observatrice ou semi-touriste, j’ai commencé à vraiment sortir, participer à des événements locaux etc. Et c’est ultra cool. En fait, c’est un peu comme quand on prend l’avion. Le passage où on voit le monde du ciel, encore à moitié dans les nuages, c’est vraiment très beau. Mais on observe depuis en haut. C’est quand-même mieux de se retrouver au cœur du paysage et d’en faire vraiment partie. C’est pour ça que je donne à l’atterrissage un sens très positif.
Et c’est pour ça qu’en septembre, ça faisait déjà un moment que je vivais ici mais j’avais l’impression que mon aventure ne faisait que commencer. Ou plutôt, que ma vie ici ne faisait que commencer. Parce que maintenant, je ne parle plus vraiment d’aventure, c’est devenu la normalité d’habiter à l’étranger. Et j’aime beaucoup ça (peut-être que j’en ferai un article d’ailleurs, les raisons pour lesquelles j’aime vivre à l’étranger).
Et donc, on prolonge ou pas ?
Vous avez compris, je voulais prolonger mon contrat. J’en ai fait part à mes chefs, qui m’ont dit que de leur côté c’était ok parce que je fais du bon travail, mais il fallait qu’ils se mettent d’accord avec les français. En fait, je leur avais dit que je voulais prolonger sans vraiment dire une durée, et ils sont partis sur l’idée que je voulais rester un an de plus, le maximum. Donc ils en ont discuté avec les responsables français (sans moi), et le lundi suivant, mon chef m’a dit que c’était ok et que je pouvais rester. J’étais ultra contente, ça fait vraiment plaisir de sentir que son travail est reconnu et qu’on est apprécié. J’étais pas encore totalement sûre que c’était bien décidé de façon définitive, mais en en reparlant avec la RH française qui fait le lien avec Business France, puis avec mon 2e chef et les français, tout ça s’est précisé et on a validé que je reste bien un an de plus en Autriche. Bon, tout ça s’est décidé en septembre, ça commence à faire un moment mais je n’avais jamais trouvé le temps de terminer cet article, parce que plein d’autre choses se sont passées ensuite, qui ont plus ou moins découlé de cette prolongation (mais j’y reviendrai plus tard).
Vous allez donc pouvoir continuer de suivre mes aventures pendant encore un bon bout de temps ! J’essaierai de poster des articles plus régulièrement dans les prochaines semaines, quitte à ce qu’ils soient un peu moins travaillés. Mais depuis le temps que je n’ai plus publié d’article, j’en ai des histoires à raconter ! 😉