L'appel du large

Les aventures d'une petite bretonne expatriée en Autriche

Préparatifs

Une expatriation, ça se prépare. Je pars pour un an minimum, et pour travailler, alors la préparation de mon voyage est bien différente de celle de mon semestre erasmus en Allemagne. Surtout que je pars en VIE, et que ce type de contrat a certaines particularités. Peut-être qu’un jour si ça vous intéresse je ferai un article sur le VIE en particulier, comment j’ai fait pour en trouver un et les trucs très spécifiques à ce contrat, mais ici je vais juste l’expliquer rapidement.

Mais pas tout de suite (je fais monter le suspense pour rien ^^). Mes préparatifs, je les divise en 3 parties : les préparatifs généraux, en gros ceux qui vont rarement changer d’une situation personnelle à une autre, les préparatifs purement du VIE, et ceux liés au covid. Bah oui, 2020 c’est clairement pas la meilleure année pour préparer un départ à l’étranger, mais bon même si c’est plus compliqué ça s’organise quand-même.

Les préparatifs généraux

En gros : régler les trucs administratifs d’un départ à l’étranger, et trouver un logement. Les trucs administratifs, pour moi ça a été simple, il fallait juste que je fasse renouveler ma carte d’identité qui allait bientôt expirer (et prendre un jour de congé pour aller au consulat français à Vienne pour régler ça, non merci), et que j’appelle ma banque pour les prévenir de mon changement de situation. J’ai une carte européenne d’assurance maladie à jour, peut-être qu’à un moment donné j’aurai d’autres démarches à faire pour avoir une carte vitale locale, mais j’ai une mutuelle internationale (un des avantages du VIE) qui me couvre donc normalement ça suffit.

Par contre, là où ça a été plus compliqué, c’est pour ma recherche de logement. Mon entreprise se trouve dans une petite ville d’environ 20 000 habitants située à 30 minutes de train de Linz, la 3e plus grande ville d’Autriche avec 205 000 habitants. J’ai choisi d’habiter à Linz, la nécessité d’avoir une vie sociale et l’envie d’habiter dans un endroit qui bouge un peu compte plus pour moi que le temps de transport du matin, surtout que 30 minutes ça reste correct. Pour éviter qu’elles ne se transforment en 1h, j’ai tout de même ciblé des logements proches de la gare. Ensuite, je tiens à rencontrer du monde sur place, à essayer de me faire des amis le plus vite possible, pour ne pas me retrouver totalement isolée. Donc je voulais habiter en colocation, c’est un mode de vie que j’ai déjà eu pendant pas loin de deux ans et qui me plaît beaucoup.

Mais honnêtement, je ne pensais pas du tout autant galérer pour la trouver, cette coloc. J’ai cherché via ce site (www.wg-gesucht.de), qui est la plus grosse plateforme de recherche de colocation en Allemagne et en Autriche. Mais à Linz il y a pas énormément d’annonces, peut-être 2-3 par semaine qui remplissaient mes critères de localisation + date de disponibilité. Et au total, j’ai fait 7 appels pour 7 appartements différents avant d’en trouver un qui voulait bien m’accueillir. Cette recherche a été longue et frustrante, car je comprenais pas trop pourquoi les gens ne voulaient pas habiter avec moi, pourtant je suis une fille cool non ? Mais bon, le plus important c’est que j’ai fini par trouver. Pas l’appart de mes rêves, mais quand-même assez bien situé. Et c’est une colocation de 5 personnes, donc parmi tout ce beau monde je devrais quand-même réussir à bien m’entendre avec au moins une personne.

Les préparatifs du VIE

Et c’est donc ici que je fais ma petite explication : VIE, ça veut dire volontariat international en entreprise. Volontariat, parce que c’est un contrat géré par Business France, un organisme français qui a pour but de promouvoir le développement des entreprises françaises à l’étranger. L’entreprise dans laquelle je vais aller travailler appartient à Vinci, elle est donc éligible. Pour faire un VIE, il faut avoir moins de 28 ans et être européen. C’est un contrat de volontariat, mais je suis payée hein. Par contre, la rémunération est fixée selon le pays de départ, elle ne dépend pas du niveau d’études et n’est pas négociable. Elle est aussi exemptée d’impôts, mais en contrepartie je ne vais pas cotiser au chômage, et après mon contrat je ne toucherai rien. D’ailleurs, les contrats durent deux ans maximum. Voilà pour les grandes lignes.

Comme c’est un contrat assez particulier, les préparatifs ne sont pas les mêmes que pour un contrat de travail classique. Déjà, il y a un sacré délai avant de pouvoir commencer la mission : en général deux mois. J’ai donné mon accord à mon entreprise vers fin octobre, je commencerai en janvier. Il y a d’autres petits trucs à gérer, comme passer une visite médicale, mais niveau administratif je n’ai pas eu grand-chose à faire. Et ce sont eux qui me fournissent une mutuelle internationale et une assurance rapatriement, donc pareil rien à faire. Dernier avantage : c’est mon entreprise qui me paie mon voyage pour aller jusqu’à Linz, et en plus ils me paient des bagages à hauteur de 150kg. Oui, c’est beaucoup. J’utiliserai pas tout, loin de là : deux valises en soute plus un colis avec des affaires que je fais livrer à mon appart. Si j’avais dû payer mon voyage moi-même, j’aurai fait autrement, mais là c’est pas moi qui paie et c’est écrit dans le contrat, alors j’en profite !

Dernier petit truc : je dois participer à une réunion d’intégration (à distance) avant de partir. Rien de bien méchant, mais ça m’a pas mal bloquée pour organiser mon départ. Ça dure une après-midi, et si j’ai bien compris c’est pour nous informer sur les trucs à faire une fois sur place, nos obligations, comment fonctionne la mutuelle etc. Je dis nos obligations : une fois sur place, on a quand-même quelques comptes à rendre, du genre faire un rapport d’installation, ou demander une autorisation dès que l’on veut sortir du pays dans lequel on est en mission. Je ferai peut-être un article un jour pour expliquer plus en détail tout le processus du VIE et mon expérience avec ce type de contrat.

Les préparatifs du covid

C’est là que ça se complique vraiment. Autant le reste ça s’anticipe, autant les restrictions de voyage et autre liées à la situation sanitaire, ça peut évoluer très rapidement. J’ai quand-même de la chance de partir en Autriche, qui annonce ses restrictions suffisamment en avance pour que les gens puissent s’organiser. Mais on est jamais à l’abri d’un changement de dernière minute.

L’acte 1 de mes difficultés covid, c’est l’annonce de l’Autriche de la mise en place d’une quarantaine de 10 jours (avec possibilité de la réduire à 5 jours) pour les voyageurs venant de pays à risque. Leur définition de pays à risque est assez stricte (eux-même se considèrent comme pays à risque), et la France en fait partie, comme quasi tous les pays européens. Sauf que moi je voyage pour le travail : après concertation avec les futurs collègues autrichiens, ça fait partie des exceptions et je serai bien exemptée de quarantaine. Ouf. Mais ça s’arrête pas là : il faut quand-même que je prouve que je voyage pour le travail (sinon c’est trop facile), et que je fournisse un certificat médical attestant que j’ai fait un test covid et qu’il était négatif. Le test doit dater de moins de 72h : en gros, en 72h, je dois me faire tester, attendre les résultats, aller chez le médecin quand j’ai les résultats pour qu’il me fasse mon certificat, puis enfin je peux aller à Paris et prendre l’avion, pour arriver en Autriche dans les temps. Faisable, mais tendu. Et bien entendu si le test est positif, bah je pars pas.

L’acte 2, c’est une autre annonce du gouvernement autrichien faite le 18 décembre : la mise en place d’un confinement général du pays entre le 26 décembre et le 18 janvier. Je dois commencer à travailler le 11, je partirai le 6 : je vais arriver en plein dedans. Trop cool. A priori, ça ne va pas influencer le début de mon contrat, mais ça complique quand-même les choses pour mon installation (faudra que je m’achète un vélo et quelques meubles), et même pour le contexte du travail et de mon intégration, c’est pas ouf. Les écoles seront fermés donc j’aurai peut-être pas mal de collègues à la maison. Côté positif (on voit le positif comme on peut) : je vais pouvoir tester une nouvelle stratégie de gestion de la pandémie, avec campagne de tests massifs quasi obligatoires sur le dernier weekend du confinement (si tu refuses de te faire tester, tu dois rester confiné une semaine de plus). Je suis curieuse de voir comment tout ça sera géré, et j’espère que ça permettra un retour relativement rapide à une situation relativement normale. Parce que moi j’aimerais bien pouvoir rencontrer du monde et me faire des amis, et aussi vadrouiller un peu dans ce pays que je n’ai jamais visité.

Avec tout ça, on a quand-même pu organiser mon départ avec mon entreprise : je pars le 6 janvier, je prends l’avion vers 20h de Paris pour arriver vers 22h à Vienne, je dors une nuit à l’hôtel à Vienne et le lendemain je pars à Linz pour emménager. J’espère vraiment que tout va bien se passer, et je pense que je serai méga soulagée quand je serai enfin arrivée dans mon appart.

Bref, la situation sanitaire complique pas mal mon départ, ça rajoute de la galère à la galère. Mais ça reste faisable, et je pense que le jeu en vaut la chandelle. Même si j’avais dû faire une quarantaine en arrivant, effectivement c’est relou, mais faut relativiser aussi, c’est 5 jours, 10 max. Par rapport à tout le temps que je vais passer en Autriche ensuite, c’est peu. Ces restrictions sont très pénalisantes pour les touristes qui voyagent une ou deux semaines, mais pas de nature à empêcher un expat de s’installer dans son nouveau pays. Ça complique juste les choses. Mais bon, je voulais de l’aventure non ? Me voilà servie !

Emilie

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