L'appel du large

Les aventures d'une petite bretonne expatriée en Autriche

Pourquoi je pars

En voilà une question intéressante non ? Quand je parle autour de moi de mon projet de partir travailler en Autriche, j’ai souvent des réactions partagées entre “c’est trop cool ce sera une super expérience” et “quand-même c’est un sacré truc de partir comme ça, faut le faire”. Effectivement, c’est pas simple de partir, et c’est sûrement une des décisions les plus flippantes de ma vie. Mais c’est mon choix.

Pour expliquer le pourquoi du comment, je vais repartir un peu en arrière. Petite, a priori rien ne me destinait à une expatriation, j’étais timide et j’avais peur de tout, rien que partir en voyage scolaire m’angoissait vraiment. Mais petit à petit en grandissant, j’ai commencé à partir en vadrouille et à vraiment aimer ça : j’ai fait plusieurs voyages scolaires chez des correspondants au lycée (merci la section européenne), puis un chantier international de bénévoles en Espagne, sur une petite île paradisiaque pendant deux semaines, puis un semestre Erasmus en Allemagne, durant ma dernière année d’études, à Hambourg. A chaque fois, ces expériences m’ont énormément apporté, déjà 1) parce que c’était vachement cool, 2) parce que j’ai appris plein de choses au contact de plein de nouveaux gens qui n’avaient pas la même culture que moi, et 3) parce que j’ai énormément appris sur moi à chaque fois. Petit à petit, je suis passé de voyage encadré dans un cadre scolaire, à voyage organisé par moi toute seule, à pas juste voyage mais séjour de plusieurs mois. J’ai gagné en assurance, en confiance en moi, j’ai ai aussi pris goût à cette autre façon de voyager, en étant vraiment plongée dans une nouvelle culture et en faisant plein de rencontres. Partir travailler à l’étranger, je le vois un peu l’expérience ultime du coup. J’y pensais sans trop y penser depuis un moment, en lisant / écoutant des témoignages de gens partis et en me disant “ouah ça a l’air vraiment trop cool ce qu’il/elle a vécu !”. Mais pour que cette pensée vague se transforme en vrai projet, il m’a fallu un déclic.

Ce déclic, il a eu lieu vers la fin de mon semestre Erasmus à Hambourg, de septembre 2019 à février 2020. J’ai vécu 5 mois de dingue là-bas, fait des super rencontres, beaucoup vadrouillé, et vécu tout ça vraiment intensément en essayant de profiter de chaque instant. Je me suis attachée à la ville, à l’Allemagne aussi, à mes nouveaux amis qui venaient de partout dans le monde. J’aimais la vie à l’international, le fait que tout devient une aventure, même les choses les plus simples comme aller à la pharmacie. En gros, je voulais pas rentrer. Mais quelque part ce qui me gênait le plus dans le départ, c’était de réaliser que cette aventure incroyable était terminée. Erasmus, c’est un truc qu’on vit qu’une fois dans une vie, c’est très intense, très fort. Moi, je voulais pouvoir revivre des moments comme ceux-là, et j’avais peur de ne jamais en avoir l’occasion. Aussi, j’avais un sentiment d’inachevé : je partais sans avoir vu la ville en été et donc sans avoir pu profiter des parcs et plages du bord de l’Elbe, je partais alors que mon allemand commençait à me permettre de bien communiquer et de bien comprendre les autres aussi, mais en étant toujours loin de le parler couramment, bref je partais trop tôt et ça me frustrait. Et donc, alors que je demandais du soutien psychologique à mes amis, une m’a dit quelque chose du genre “si tu as aimé cette expérience, alors tu sauras en provoquer d’autres, qui seront différentes mais aussi géniales”. Petit à petit j’ai compris un truc : si je le voulais, alors je pourrais repartir, ça ne tenait qu’à moi.

Je me suis laissé quand-même le temps de digérer tout ce que j’avais vécu en rentrant (et de toute façon les deux mois de confinement qui ont suivi m’ont laissé beaucoup de temps pour réfléchir sur ma vie ^^’). Mais cette envie de départ est restée. Et aussi une forme de rejet de la vie toute tracée qui s’offrait à moi : pas envie de signer un CDI, d’emménager dans un appart, et puis voilà. Pas envie de m’installer dans une routine. J’avais toujours soif d’aventures, envie d’aller voir comment c’est ailleurs, comment vivent les gens, et la volonté de continuer à me challenger toujours plus (et de parler allemand couramment). L’appel du large était trop fort. Partir juste après le diplôme c’était pour moi le meilleur moment, alors après avoir étudié les possibilités d’avenir qui s’offraient à moi, j’ai opté pour le VIE et j’ai commencé ma recherche d’emploi. Au départ, je voulais commencer par chercher des contrats à l’étranger, et si jamais je ne trouvais rien qui m’intéressait vraiment ou si mes candidatures n’aboutissaient pas, regarder les offres en France. Au final, je n’ai jamais cherché de travail en France. Et mon offre favorite, celle qui m’attirait le plus et que je voulais vraiment avoir, c’est celle-ci pour laquelle j’ai été recrutée.

Alors non seulement je pars pour l’expérience personnelle, mais en plus aussi pour une expérience pro qui sera je le pense très riche et un énorme bonus pour mon CV. J’ai un contrat d’un an dans une entreprise qui fabrique des panneaux solaires, mais pas les panneaux classiques qu’on peut voir sur le toit des maisons. L’entreprise est spécialisée dans le photovoltaïque intégré aux bâtiments, en gros des façades solaires, des brises-soleil, ou encore des canopées (toits qui laissent partiellement passer la lumière). L’idée c’est que le bâtiment soit actif, qu’il produise sa propre énergie, en y intégrant les panneaux de façon esthétique. Ce qu’ils font est vraiment cool et pour moi c’est un énorme plus de travailler dans une entreprise ayant un but avec lequel je me sens en accord et qui me motive. Les missions qui m’attendent sont aussi totalement dans ce que je recherchais (en gros l’idée c’est de les aider sur un peu tous leurs projets d’amélioration et de développement dans la production). Ce challenge professionnel me motive beaucoup et j’ai hâte de commencer à travailler. L’entreprise est toute petite, une vingtaine de personnes, et se trouve dans une petite ville d’Autriche. Moi, j’habiterai à Linz, la grande ville la plus proche, et 3e plus grande ville d’Autriche.

Je sais que ce sera pas toujours facile, et j’ai quand-même un peu peur. Un nouveau pays, un premier emploi, la langue que je parle déjà bien mais sans la maîtriser, le contexte du covid aussi, et surtout le fait que je vais devoir me créer un cercle d’amis dans une ville où je connais personne (quand on est étudiant c’est plus facile de rencontrer du monde que quand on travaille). Mais d’un autre côté, cette peur-là me motive bien plus qu’elle ne me paralyse. C’est un nouveau défi, une nouvelle aventure pour moi. Il y a une métaphore que j’aime bien utiliser, c’est celle de la mer (et c’est ici mon côté breton qui ressort). Quand on marche sur la plage, et qu’on trempe juste les pieds dans l’eau, on est bien, c’est agréable et puis on risque rien. Mais moi, j’ai décidé de partir vers le large et de me jeter dans les vagues pour apprendre à surfer. Peut-être que je vais me prendre des gros rouleaux et que je finirai par m’écraser contre les rochers. Mais peut-être aussi que je vivrai des sensations et des émotions très fortes, que jamais je n’aurai pu vivre en restant marcher sur le bord. Et c’est cette incertitude qui rend mon départ si excitant pour moi. Un jour je finirai sûrement par retourner tranquillement sur le bord, mais pour l’instant, ce n’est pas ça que je veux dans ma vie.

Alors si vous voulez embarquer avec moi, vous pouvez me suivre ici ! Je ne sais pas du tout à quelle fréquence j’écrirai, si ce blog va vraiment tenir dans la durée ou juste sur quelques mois. Je posterai des articles tant que je prends du plaisir à écrire et que j’ai des choses à vous partager (selon mon humeur, peut-être des récits de voyage, mes états d’âme du moment, des anecdotes d’expat…). Un peu comme mon voyage au final : je commence ce blog sans trop savoir où ça va me mener, alors je vais laisser la vie me surprendre et on verra bien !

Emilie

2 réflexions sur « Pourquoi je pars »

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